Lequel de vos romans a été le plus difficile à écrire ?

Probablement America[s]. C’est un roman qui repose entièrement sur le regard et la voix d’une très jeune narratrice. La solution de facilité aurait été de la faire parler comme une adulte. Ça se fait beaucoup (si si !), mais nous aimons que la langue de nos personnages corresponde à leur âge, leur milieu, leur éducation. Cela nous vient probablement de notre métier de traducteurs de dialogues de films. Pour autant, nous ne voulions pas écrire un roman « jeunesse ». Et il fallait tout de même que cette voix enfantine soit crédible, touchante, et surtout capable de faire passer des émotions fortes et d’évoquer des sujets profonds sans en avoir l’air, ni pleinement conscience. Toujours sur le fil, nous savions que nous nous prêtions là à un numéro d’équilibristes. Trouver le juste dosage – une narration naïve mais pas simpliste, lucide sans être artificielle – a été un vrai défi, qui a nécessité beaucoup d’allers-retours et de réécriture.