Pourquoi ces titres ?

Nous avons longtemps cherché un titre pour Alabama 1963. Tout le temps de l’écriture, notre titre de travail a été « Adela », du nom de notre héroïne. Puis nous avons pensé à « La première marche », en référence à la Marche sur Washington et à une citation de Martin Luther King : « Avoir la foi, c’est prendre la première marche alors qu’on ne distingue pas tout l’escalier. » C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Adela hésite avant de monter sur la première marche qui mène au bureau de Bud.
Nous adorons ces petits instants apparemment anodins, mais décisifs pour la suite des événements. Ou d’une vie. Mais ce titre ne disait rien de l’intrigue. Et nous aimions tant la sonorité du mot « Alabama », qui allait tout de suite planter le décor. Malheureusement, Alabama Song était déjà pris… Tiens, mais pourquoi ne pas indiquer l’année après le lieu ? « Alabama 1963 », ça sonnait bien. Mieux que New York 1997 (le film de 1981 !), plaisantions-nous…
Toutefois, nous n’étions pas sûrs de garder le titre « Alabama 1963 » quand nous avons signé avec le Cherche Midi.
Tout à la fin de l’entrevue, Ludovic a demandé, presque distraitement : « Au fait, et le titre ? » Notre éditrice a demandé : « Quoi le titre ?
— On le garde ?
— Pourquoi ? Vous voulez le changer ?
— Non, mais… Non. »
Nous n’en avons plus reparlé.

Pour America[s], notre premier titre de travail fut « Callie », du premier prénom de notre jeune héroïne. Puis ce fut « Sur la route », même si nous savions qu’il nous faudrait en changer puisque, malheureusement, c’était déjà pris !
Nous ne savons plus comment « America[s] » est venu à nous, avec ce « s » entre crochets. Pourquoi ce « s » ? Évidemment, il fait référence aux multiples visages de l’Amérique qu’Amy va rencontrer. Il y a aussi une autre explication que celles et ceux qui ont lu le roman connaissent…
Pourquoi des crochets et pas des parenthèses ? Simplement parce que c’est plus graphique.
Notre éditeur (notre éditrice a quitté le Cherche Midi trois mois après la sortie de Alabama 1963, rien à voir avec nous 😅😄)… notre éditeur, donc, nous a dit : « On ne met jamais de crochets dans un titre. »
Nous, en chœur : « Et alors ? »
Notre éditeur : « OK. »
Nous n’en avons plus reparlé.

À l’ombre de Winnicott s’est longtemps appelé « Les fantômes de Winnicott » (d’après le nom du manoir du roman, Winnicott Hall), mais ça ne lui rendait pas justice car c’est tellement plus qu’une histoire de fantômes… Nous avions l’ambition de parler d’autre chose : des présences invisibles, certes, mais aussi et surtout des absences, de ces liens qui demeurent quand tout semble rompu. Et plus encore que de communication avec les morts, de communication — ou plutôt d’incommunicabilité — entre les vivants. Il se trouve, en plus, que ce premier titre ne faisait pas suffisamment rentrée littéraire selon notre éditeur. Mais ce dernier aimait le « Winnicott », qui nous plaisait aussi parce qu’il sonnait très anglais. Un moyen de faire savoir aux lecteurs que nous avions quitté les États-Unis.
Nous avons cherché, cherché… Notre éditeur aimait beaucoup « L’Enfant de Winnicott », mais cela aurait donné trop d’importance à George, quand Viviane méritait tout autant d’attention… Pour notre part, nous hésitions entre « Les âmes de Winnicott » et « Les gens de Winnicott », mais personne d’autre n’aimait. 😄😄
Nous avons fini par regarder les romans d’une de nos bibliothèques et sommes tombés sur À l’ombre des jeunes filles en fleurs.
« À l’ombre de Winnicott »…
Nous l’avons proposé à notre éditeur. Tout le monde aimait.
Nous n’en avons plus reparlé.

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