Depuis que notre premier roman, Alabama 1963, a été publié en 2020, on nous demande souvent si nous sommes allés en Alabama pour l’écrire. Et notre réponse ne cesse jamais d’étonner : nous y sommes allés… après !

Ce que nous vous proposons aujourd’hui, c’est de vous emmener avec nous sur les traces de nos personnages et de ces lieux emprunts d’émotions, au cœur des USA, pour un carnet de voyage richement illustré, en trois épisodes…
Nous avons envisagé de nous rendre sur place dès 2013, année durant laquelle nous avons songé de plus en plus sérieusement à écrire ce qui deviendrait Alabama 1963 (mais que nous appelions encore « l’histoire pendant la ségrégation » ou « Adela », le prénom de notre héroïne nous étant venu très tôt). Puis nous avons pensé à Jules Verne, qui n’a jamais quitté son bureau. Et pour décrire l’Alabama de 1963, nous avons jugé préférable de consulter des documents écrits et vidéos de l’époque plutôt que nous rendre sur place cinquante ans plus tard…



Ce n’est qu’en juin 2024 que nous nous y sommes rendus, au cours d’un voyage qui nous a fait traverser les États-Unis d’est en ouest (oui, comme Amy, l’héroïne d’America[s], mais cela fera l’objet d’un autre carnet de voyage…).
D’abord, il faut savoir que quand nous disions, en Virginie, en Géorgie ou dans le Tennessee que nous allions en Alabama, tout le monde nous demandait : « But… why? » En effet, pour les Américains (comme pour le reste du monde, d’ailleurs), l’Alabama n’est pas franchement considéré comme une destination sexy, comme le sont la Californie ou la Floride, qui font davantage rêver.
La question qu’on nous pose le plus souvent après « Est-ce que vous êtes allés en Alabama ? », c’est : « Est-ce que votre voyage vous a appris des choses qu’a posteriori vous auriez aimé voir figurer dans le roman ? » Et la réponse est : non ! (Ouf ! ) C’est que nous avions bien fait nos devoirs, durant quatre ans… Si bien qu’arrivés sur place, par une chaleur extrême telle que nous la décrivons dans les premiers chapitres de notre roman, nous avions l’impression d’être déjà venus.
La troisième question qu’on nous pose le plus souvent, c’est : « Était-ce émouvant de vous retrouver à Birmingham ? » Cette fois, la réponse est oui. Extrêmement. Après y avoir passé tant de temps depuis notre bureau, comment ne pas être émus de fouler enfin ces trottoirs, de nous trouver face à cette église baptiste que nous avons décrite, de nous dire tout simplement que nous étions bel et bien à Birmingham en Alabama ?
Émus devant cette Église Baptiste de la 16e rue où un attentat à la bombe, que nous évoquons dans notre roman, a tué quatre innocentes en 1963…

Émus devant le monument qui rend hommage à ces jeunes victimes… Le hasard a fait qu’au moment de notre visite, la joyeuse musique d’un camion de marchand de glaces (à droite sur la photo) a retenti, si bien qu’on aurait pu penser que la statue de la jeune fille de droite invitait ses petites camarades à la rejoindre pour déguster une glace sous ce soleil de plomb…

Émus de lire que la petite Addie « aimait aider les autres »…

ADDIE MAE COLLINS
Assassinée
AIMAIT LE SPORT
LE SOFTBALL ÉTAIT SON PRÉFÉRÉ
AIMAIT AIDER LES AUTRES
Née le 18 avril 1949
Émus de voir des jeunes filles s’approcher et lire les noms de ces fillettes qui auraient pu être elles si elles étaient nées soixante ans plus tôt…

Émus devant le moindre rappel, tel le panneau ci-dessous, que « Birmingham, en Alabama, était considérée comme la ville la plus ségréguée des États-Unis ». En même temps, nous ne l’avions pas choisie au hasard !

« La municipalité et l’État avaient établi des codes juridiques interdisant strictement presque tout contact social entre Noirs et Blancs. L’article 597 du Code municipal stipulait : “Il est illégal pour un Noir et une personne blanche de jouer ensemble ou en compagnie l’un de l’autre à tout jeu de cartes, de dés, de dominos ou de dames.” Le 19 septembre 1950, la ville adopta ensuite l’Ordonnance 798-F afin d’imposer encore plus de restrictions pour empêcher les interactions raciales lors de matchs de baseball, softball, football, basketball ou d’autres jeux similaires. »
Émus de voir un père et son fils s’avancer vers la statue de Martin Luther King et s’arrêter un long moment pour honorer sa mémoire…

Émus face aux statues dénonçant la violence avec laquelle la police a réprimé les émeutes de 1963 qui visaient à défendre les droits civiques…



Émus, mais aussi un peu fiers d’avoir très modestement rendu hommage à ces hommes, ces femmes et ces enfants à qui leur propre pays a réservé un sort inhumain. Et que les nouvelles générations n’oublient pas, manifestement.
À SUIVRE :
ÉPISODE 2 : Nos repérages dans les quartiers blancs et noirs en vue d’une adaptation en bande dessinée… (à découvrir le dimanche 3 août 2025)
ÉPISODE 3 : Dans les pas d’Adela et Bud, sur le fameux pont couvert… (à partir du dimanche 10 août 2025).
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